Incontournable troisième œil dans la plupart des sports depuis vingt ans, la vidéo commence seulement à être bien vue dans la natation. Mais, son utilisation reste inégale, au goût de chacun. Alors, quel nageur s’en sert ? Sous l’eau ? En dehors ?! Et, pourquoi ?!
En vieux routier des bassins, Grégory Mallet aime siroter les vidéos à l’ancienne «pour retrouver les sensations éprouvées à tel ou tel moment fort de ma carrière. Au moment où je les vis, passant à cent à l’heure dans l’euphorie, je n’ai pas le temps de les ressentir, de les savourer, d’en profiter. Puis, dans la foulée, sans même avoir le temps de m’arrêter dessus, je re-bascule dans l’entraînement. Alors, de temps en temps, j’aime bien me remplir de leur énergie positive tout en regardant, au passage, où je pourrais peaufiner telle ou telle facette. Dans notre job, comme il faut sans cesse se renouveler, tu dois être le premier à réaliser en visualisant ce que tu fais. Certes, mes proches me font toujours un feed -back. Mais, rien de tel que de se voir, en boucle, pour progresser…».
ECHO A UNE VOIX INTERIEURE…
Grâce à l’utilisation de la vidéo de plus en plus courue sous l’eau, le Marseillais s’écoute mieux : « Maintenant, quand ma petite voix intérieure me dire que ce n’est pas bon, j’ai immédiatement l’outil pour le vérifier. Comme la tête travaille autant que le corps, ce retour d’images est vital… ».
Aux Etats-Unis depuis trois ans, Thomas Dahlia se plaît à prendre sa fréquente pause « avec ce coach virtuel, super utile : je nage, on visionne, on corrige dans les deux minutes ! Aujourd’hui, elle est un luxe dont je ne peux plus me passer. En plus, elle n’a pas son pareil pour te prouver si tu t’es arraché ou pas ! ».
Pour bien ciseler ses ciseaux, signer ses coups de bras et freiner sa patience à emballer la machine, le Néo-Calédonien aime « bien utiliser la vidéo, en compétition, après séries et demi-finale. Elle est devenue un passage obligatoire, surtout pour un brasseur. Ainsi, le timing de nos coulées, bien plus technique que les autres nages, nous parle mieux ».
LES « FRANCE », SUR « YOUTUBE » ?
Du coup, désormais, seul un être lui manque : « Aux Etats-Unis, dès qu’une compétition est finie toutes ses vidéos sont sur YouTube. Et, malheureusement, je n’y trouve pas les courses françaises… ».
A l’image de Thomas Dahlia, Grégory Mallet a passé quelques mois aux Etats-Unis où l’écran géant de la piscine bombardait «en boucle telle ou telle phase technique notamment le départ. Du coup, inconsciemment, le nageur essaye de faire du copié-collé : l’observation des meilleurs est une mine ! Gamin, je disséquais Popov en boucle, pour apprendre comment ne pas m’emballer, comment me relâcher, maîtriser ma course sans me laisser déborder par mon émotionnel, comment rester focaliser sur moi-même».
DOUX ESPIONNAGE ?
Loin de la vidéo à l’entraînement, Damien Joly préfère lorgner « les courses, des meilleurs temps du 400 au 1500m NL de Ian Thorpe et Grant Hackett. J’aimerais avoir leur super puissance ! En ce moment, j’observe aussi beaucoup mon futur adversaire, l’Australien Mack Horton (champion du monde junior en 2013 sur 800m NL et champion d’Australie sur 1500m NL en 2015 en 14mn44s09), dans sa gestion de courses ».
De même, Clément Mignon apprécie « se revoir nager parce que, le nez dans le guidon, tu ne ressens pas toutes tes failles. La vidéo, oui, bien plus pratique que 10.000 explications ! ».