Dernière ligne droite vers les Championnats du monde de natation de Kazan (Russie). Les meetings de Nancy, Vichy ou de Barcelone permettent aux nageurs d’opérer de gros changements techniques, ou simplement de peaufiner quelques réglages avant l’emballée finale. Réponses de nos sélectionnés du Team Arena.
« Avant un grand rendez-vous, il ne faut surtout pas se sentir perdue dans sa nage, il ne faut pas laisser le doute s’installer. Sinon, on court à sa propre perte ! », prévient Charlotte Bonnet, toute jeune à la bouteille bien remplie entre les lignes d’eau. Puis, la Niçoise, 8ème sur 200m Nage Libre aux Mondiaux de Barcelone 2013, poursuit : « Ayant travaillé toute la saison d’une certaine façon, je peux seulement me permettre de corriger quelques détails techniques de manière minime… ».
Dans le même grand bain au quotidien sous le chrono de Maxime Letenager, Anna Santamans surligne l’importance « d’essayer de corriger les p’tits détails jusqu’à la dernière minute. Chaque entrée dans l’eau est une occasion de plus, de me rapprocher du mouvement parfait. Que ce soit en compétition ou à l’entraînement, il y a toujours de la place pour une amélioration de la technique, de la vitesse ou de la force. Mais, après tout, le p’tit détail ne mène-t-il pas à la performance ? ».
A l’image de Mathilde Cini qui « ne touche plus à rien un mois avant« , nos sélectionnés mondiaux s’accordent à s’ajuster « sur des petites corrections aux virages et aux départs…« . Ainsi, la dossiste de Valence précise : « Par exemple, sur les virages, je perds beaucoup trop de temps en me retournant. Je me laisse trop glisser. Avant ces « Monde », je dois devenir plus réactive : mettre un coup de bras en plus pour arriver plus près du mur, et, tourner plus vite. Mais, une semaine avant d’enfiler notre bonnet tricolore, il faut savoir arrêter ce petit jeu des réglages… sinon, on gamberge trop, ce qui n’est pas bon dans une grande compétition ! ».
Entre Rome et Vichy, celle qui vivra sa première mondiale (en grand bassin !) s’est surtout forcée à se lever du bon pied « pour être bien réveillée le matin, afin de nager vite dès les séries. Sinon, comme je suis plutôt débutante, je me ferai déglinguée, à coup sûr en séries à Kazan… ». Ainsi, le but de Mathilde était de gravir les Sept Collines « en nageant en moins de 1’03 sur 100 m dos, et, j’ai fait 1’03″25… C’est encore beaucoup trop ! ».
AU PLUS JUSTE POUR UNE PREMIÈRE…
Comme ses coéquipières, Clément Mignon, dans son premier grand bain mondial, ne tourne pas le dos à « deux ou trois trucs à corriger, un mois avant. Mais, d’un autre côté, comme je n’ai pas encore beaucoup d’expérience. Je dois compenser en nageant le plus juste possible. Donc, s’il le faut, et, comme j’ai une confiance totale en mes entraîneurs, je le ferai. Autant mettre toutes les chances de mon côté ! ».
En vieux routier du sprint à l’orée de son cinquième tour aux « Monde », le trentenaire Grégory Mallet monte les vitesses sur cette voie de la sagesse : « En tout cas, un mois avant, je m’abstiens d’effectuer un trop gros changement. Alors, je m’applique surtout à serrer les boulons de mon hygiène de vie, à m’hydrater correctement par exemple. Plus j’avance vers un rendez-vous majeur, plus je descends la dose des aliments néfastes comme les bonbons et les sodas. Mais, je ne les supprime pas complètement afin de ne pas me mettre en frustration, ce qui serait très mauvais psychologiquement : je me les accorde en plaisirs occasionnels. A mon âge, soigner son hygiène de vie avant un tel événement est primordial… ».
Même écho du côté du Kentucky (Etats-Unis) où brasse Thomas Dahlia, « ready » pour son baptême mondial : « Un mois avant un tel événement, les cartes sont posées. Alors, il faut tranquillement rentrer dans sa compétition. Puis, s’ajuster, finalement, plutôt, au niveau tactique. Et faire attention à son alimentation, impératif pour bien digérer. Enfin, en ce qui me concerne, je dois bien gérer mon décalage horaire afin d’arriver en Russie les muscles bien frais… ».
Sur son coin de Côte, l’Antibois Damien Joly s’échauffe à coups de soleil et « de petits défis » lancés par son entraîneur Franck Esposito : « La veille d’un grand rendez-vous, j’oublie les corrections techniques pour me concentrer sur nager vite sans me fatiguer. A Nancy, je devais nager le dernier 200m de mon 800 m en moins de 1’58 pour faire moins de 8 minutes au total. A l’arrivée, je fais 7’56 en remportant le défi en 1’58 exactement ! A Rome, je devais resserrer mon second 200m sur 400 comme le premier. Ainsi, j’aime me tester, disons, sérieusement mais en m’amusant… ».
A l’arrivée, Anna Santamans utilise les « Mare Nostrum » & Cie « comme une répétition grandeur nature, parce que je n’ai pas, souvent, l’occasion de nager à une telle vitesse et d’avoir une telle pression à l’entraînement… ».
Ainsi, l’Open de Vichy les 4 et 5 juillet sera le point de départ du départ… La dernière chance avant Kazan…pour une juste récompense !