Comme c’est le cas chez beaucoup de mes camarades nageurs, pendant mon adolescence, j’ai développé un intérêt pour le coaching. Apparemment, s’entraîner neuf fois par semaine n’était pas assez pour moi, et j’ai donc décidé de prendre en charge de jeunes enfants qui débutent leurs carrières de nageurs. Six ans plus tard, je me rends compte que mon rôle d’entraîneur à temps partiel a eu un impact positif unique sur ma progression en tant qu’athlète. En effet, nous avons tendance à oublier combien le sport est excitant jusqu’à ce que nous soyons entourés d’un groupe d’enfants pour qui tout est nouveau. Et, bien que cet enthousiasme et cet intérêt soient extrêmement prometteurs pour l’avenir du sport, j’ai aussi pu engrenger au cours des années un large éventail d’histoires complètement folles …
Ma communauté a une ligue d’été très réussie, dans laquelle les enfants peuvent participer aux quatre sports nautiques (natation, plongée, natation synchronisée et water-polo). Au cours de mon premier été en tant qu’entraîneur d’équipe de natation pour une de ces piscines locales, j’avais dans mon groupe une petite fille de six ans qui était extrêmement désireuse de participer à sa toute première compétition. Elle était tellement prête à nager, en fait, que lorsque le signal de départ s’est avéré défectueux et que l’arbitre a demandé aux nageurs de se retirer des blocs, elle a plutôt sauté dans l’eau. Au milieu des parents, des entraîneurs et de ses coéquipiers qui s’agitent pour lui dire de s’arrêter, elle a continué, allant même jusqu’à nager sous la fausse corde de départ. Elle était tellement déterminée à finir que, lorsque l’un de mes collègues a lancé un flotteur afin d’attirer son attention, elle a réussi à le ramasser et a terminé la course en l’utilisant. Malgré les tracas et le retard que son débordement a provoqué, cela valait la peine, rien que pour la regarder toucher le bord avec enthousiasme et voir combien elle était fière de son accomplissement.
Dans cette même ligue d’été, bien que quelques années plus tard, j’ai entraîné une paire de jumeaux. Ils étaient identiques jusqu’aux maillots de bain et aux lunettes qu’ils portaient, et étaient indiscernables pour moi comme pour les autres entraîneurs. Lors d’une compétition, à notre insu, l’un des frères avait mangé trop de bonbons (erreur de débutant ! ) et était malade. Au lieu de nous le dire, lui et son frère ont élaboré un plan selon lequel l’autre jumeau nagerait les courses en lieu et place du premier.
La ligue dispose d’un ensemble rigoureux de règles, qui permettent à chaque athlète de courrir deux fois, et nous avons séparé les jumeaux de sorte qu’ils ne nagent que deux des quatre courses, sans aucun chevauchement. Ce n’est qu’après la quatrième course, juste après être sorti de l’eau, que le garçon s’est vanté à ses amis (de façon un peu trop sonore) de recevoir là son quatrième ruban de participation de la journée.
Inutile de dire que je l’ai rapidement éloigné des autorités environnantes pour avoir une petite discussion avec son frère et lui. Mais, bien qu’ils aient complètement ignoré les règles, je ne pouvais m’empêcher de rire en voyant ce garçon ravi d’avoir pu participer à des courses supplémentaires. En définitive, j’ai néanmoins recommandé aux parents d’acheter des maillots de bain de couleurs différentes afin d’éviter d’autres problèmes à l’avenir.
Ma dernière histoire vient du club d’hiver auquel je m’entraine, avec un groupe de garçons qui, à dix ans, étaient légèrement plus âgés que la tranche d’âge que j’ai habituellement. S’appuyant sur une compétition importante, nous avons travaillé avec les enfants pour contrôler la respiration pendant qu’ils nagent. Un autre entraîneur de mon équipe a expliqué l’importance d’avoir une forte capacité pulmonaire, soulignant le fait que certains des meilleurs sprinters du monde ne prennent même pas une seule respiration dans une course de 50 mètres. Nous avions l’intention de travailler sur cette compétence lors de la formation et de l’appliquer à leurs courses, mais ce groupe de garçons a choisi d’essayer d’obtenir un peu plus de temps de pratique. Le jour de la rencontre, environ vingt minutes avant leur course de relais, ils ont organisé une toute autre compétition dans le vestiaire, pour voir qui pouvait retenir son souffle le plus longtemps.
Bien que pleins de bonnes intentions, les quatre garçons ont fait montre de trop d’esprit de compétition. Chacun tenant absolument à gagner, ils ont réussi à ne pas respirer pendant si longtemps que l’un d’entre eux s’est momentanément évanoui, tombant et heurtant la balustrade toute proche. Heureusement, il s’en est sorti avec une petite bosse sur la tête et un ego blessé d’avoir perdu. Moi-même et les autres membres de mon équipe d’entraîneurs avons été de nouveau frappés par la façon dont les enfants sont désireux d’apprendre des compétences pertinentes pour le sport, même si nous nous sommes assurés de sermoner notre groupe de jeunes nageurs sur l’importance de savoir comment les appliquer correctement et en toute sécurité.