Ancien membre de l’équipe de France de natation, Nicolas Granger a connu le haut niveau avant d’être frappé par deux cancers en 1991 et 2003. C’est avec la rage du sportif de haut niveau qu’il a vaincu la maladie. A tout juste 47 ans, l’ancien champion retrouve les sommets de la natation mondiale chez les maîtres : 19 titres de champion du monde, 21 records du monde, et 78 records de France. A la veille de sa participation aux Championnats du monde masters*, Nicolas nous révèle SON water instinct comme puissant instinct de survie.
– Comment vous êtes-vous préparé pour les Championnats du monde ?
Je m’entraîne 5 fois par semaine dans l’eau pour un volume de 20 à 22 kms hebdomadaires, un volume légèrement supérieur aux deux années précédentes. Je fais également 1 à 2 footings par semaine et 3 séances de PPG**
J’aime ponctuer ce programme par des compétitions intermédiaires, c’est dans cette optique que j’ai participé au circuit fédéral des Maîtres, avec 3 étapes déjà effectuées (Villeurbanne, Sarcelles et Dijon).
La période difficile correspond à fin mai / début juin, car on commence à ressentir la fatigue de la saison amorcée en septembre, et le changement de climat est souvent, pour moi, un facteur aggravant de cette période délicate. J’aime la chaleur mais paradoxalement je souffre toujours un peu des premiers épisodes de hautes températures.
Le moment fort de cette saison a été les Championnats de France d’hiver avec deux records du monde battus.
– Votre préparation mentale ?
J’essaie d’être attentif chaque jour à chaque seconde de mon entraînement, c’est ce qui me permet d’emmagasiner beaucoup d’informations et de ressenti. Cela m’aide à trouver des solutions aux situations complexes.
Avant les grandes compétitions, je rentre progressivement « dans ma bulle » avec une gestion plus fine et très attentive des paramètres de la performance (sommeil, alimentation, soins….). Aujourd’hui, cette gestion me permet une meilleure gestion des émotions sur les jours précédents l’échéance.
Je fais également depuis plusieurs années de la visualisation mentale pour préparer mes courses et arriver très relâché au moment du départ.
– Qu’est ce qui vous aide à supporter la pression d’avant course ?
J’aime écouter de la musique et surtout j’aime la compétition car elle me permet de sortir de la routine du quotidien. Très égoïstement, quand je suis en compétition, je ne m’occupe que de moi. Une vraie rupture par rapport à mon quotidien (j’ai beaucoup d’enfants à la maison, je dirige un service administratif de 36 personnes, j’ai des investissements associatifs, notamment auprès de l’UNICEF….)
Au-delà de tous ces paramètres, j’aime la compétition car j’y retrouve aussi tous mes amis nageurs avec qui j’ai tissé des relations d’amitié franches et sincères au fil du temps.
– Que représente les Championnats du monde pour vous ?
Les Championnats du Monde Masters à Montréal sont mon objectif phare de la saison ! Ils me tiennent d’autant plus à coeur que :
* J’ai vécu mes premiers Championnats du Monde Masters à Montréal en 1994, et y revenir 20 ans plus tard est une opportunité incroyable.
* Je vais avoir la possibilité de nager un 100 nage libre avec Matt Biondi, champion olympique en 1988 sur cette distance. Un instant de vie incroyable en perspective !
– Quelles sont vos objectifs de performance ?
J’espère gagner au minimum une course, c’est systématiquement ce que je me dis avant chaque championnat. Ensuite j’espère surtout évoluer à mon meilleur niveau, afin de rapporter autant de médailles et de titres que possible. Je suis engagé sur 5 épreuves en piscine (100M et 200M NL, 100M Brasse, 200M et 400M 4nages) et également sur l’épreuve d’eau libre (3kms).
L’essentiel restera de prendre beaucoup de plaisir, car c’est ce qui me permet de nager vite, et de profiter de chaque instant de cet évènement.
– Après cette compétition, quels sont vos projets sportifs pour le reste de l’année ?
Me reposer, partir en vacances avec ma famille et, le moment venu, me relancer vers les échéances 2015. En effet, en 2015, les championnats du monde des Maîtres seront jumelés avec les championnats toutes catégories, et cela devrait être une nouvelle aventure formidable à vivre.
– Vous avez déjà un palmarès bien rempli, qu’est-ce-qui vous motive pour continuer ?
La passion et l’Amour de la natation. Egalement la certitude qu’aucune activité ne saurait me procurer autant de plaisir et de bien-être au quotidien.
En termes compétitifs, l’échéance du changement de catégorie en 2017 et la perspective de glaner à cette occasion quelques records supplémentaires, font que je suis actuellement dans une logique de performance jusqu’à cette date.
Ensuite ? Je continuerai à nager c’est certain ! Dans une optique compétitive, je ne saurais vous dire, sait-on jamais 😉
*du 27 Juillet au 10 Août prochain à Montréal, Canada
** PPG ou préparation physique générale consiste en différentes formes de travail. Un travail de renforcement (abdos, dos…), un travail de gainage (postures à maintenir 3/4 fois pendant +30″), un travail avec médecine ball (renforcement ceinture abdominale et haut du corps), un travail de musculation classique (squatt, demi-squatt, développé couché…)