Le défi extrême d’Aurélie Muller

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Écrit par: Arena at 30 janvier '17 0
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Après quelques semaines de réflexion, Aurélie Muller, championne d’Europe et du monde du 10km, a décidé de repartir pour un nouveau cycle olympique (4 ans). Exit la déception des derniers Jeux Olympiques de Rio*, elle se lance aujourd’hui 3 nouveaux défis de taille (57kms de Santa Fe / 10km d’Abu Dhabi /1 500m à Strasbourg**).
Avant de s’envoler pour l’Argentine, elle a accepté de répondre à nos questions.

Quelles raisons t’ont poussée à participer à ce défi extrême (57km de Santa Fe) ?

Comme je repars pour 4 ans et que c’est long, il fallait que je me surprenne et que j’optimise et organise cette première année par de nouveaux objectifs.
Mi-novembre, j’avais du mal à savoir ce que j’avais envie de faire. J’essayais de me projeter : cette année les Championnats du Monde, puis la suivante les Championnats d’Europe, et ainsi de suite… c’était du déjà vu, déjà fait. Et cela ne me faisait pas rêver. Je retrouvais une petite routine, insuffisante pour me motiver. J’ai besoin d’un challenge nouveau, plus personnel pour commencer ce nouveau cycle. Plus de 8h d’effort… un défi neuf contre moi-même !

Comment te prépares-tu pour une telle course ?

Je n’ai rien changé. J’ai repris un rythme bi-quotidien le 2 janvier. Avec des semaines de 70 à 80 km et 2 séances de musculation. Je n’arriverai pas dans un mois spécialement affûtée ou préparée à cette épreuve. Cela fait partie du défi !

Comment se passent les ravitaillements ?

Ils sont assez nombreux et sont évidemment très importants. Sur un effort aussi long, il faut avoir du carburant. Un coup de bambou est fatal. Je m’hydraterai toutes les 20 minutes et je m’alimenterai avec des barres énergétiques Herbalife toutes les 45′. Cela rythme la course.
Le temps de ravitaillement est aussi un moment de contact et d’échange très important avec le monde extérieur, le coach. On échange quelques mots, on prend des informations, des encouragements. On fait faire un sourire ! Stéphane Lecat fait des efforts pour me surprendre…  Parfois, il se déguise, met un masque (de tortue Ninja !). C’est une respiration dans la course. Je ne sais jamais à quoi m’attendre.
Sur un parcours avec des courants assez importants comme à Santa Fé, l’endroit du ravitaillement peut s’avérer aussi très stratégique. Stéphane est à mes côtés pas uniquement pour me distraire ! Il a déjà participé 7 fois à cette course, l’a gagné 4 : son expérience sera plus précieuse que jamais.
Les ravitaillements seront donc très attendus. Ils sont des objectifs, des points de repère au long du parcours et sont un moment crucial à tout point de vue, physiologiquement, tactiquement et psychologiquement. Il ne faut donc pas les rater, surtout sur une course aussi longue.

Quels sont les pièges à éviter (départ trop rapide, fatigue, déshydratation…) ?

Il y a des choses que je ne vais pas réussir à éviter, la fatigue en premier lieu ! Je suis sûre qu’il y aura des longueurs, des moments terribles de solitude, de souffrance. Je m’y prépare… Mais la vérité est que je ne sais pas de quoi je parle. Aujourd’hui, je peux avoir de l’appréhension… Pendant la course, j’aurai des sensations multiples et certainement pénibles, difficiles. A la fin seulement, j’aurai la connaissance 🙂
Pour l’heure, je serai sur les basiques : ménager mon effort, le gérer au mieux, m’alimenter, contrôler. Après, il y aura forcément l’inconnu de cet effort… Et les conséquences liées.
Le finish met du temps à arriver… et il est très difficile : 200m de ligne droite à contrecourant. L’enfer jusqu’au bout ! Rien ne nous est épargné…

As-tu peur des animaux marins que tu pourrais rencontrer ?

Si ce sont de gentils dauphins qui m’accompagnent en souriant, aucune raison d’avoir peur ! Mais dans le coin où je vais, il parait qu’on rencontre plus facilement des piranhas et des caïmans. Je fais confiance aux organisateurs pour les éloigner. Si j’en croise – de loin ! j’essaierai d’être calme, voire aimable. Mais s’ils veulent me croquer, gare à eux !

Quel est ton objectif de performance ?

Dans ces conditions, le seul et unique objectif est de le terminer. C’est un effort tout à fait inconnu pour moi. Il faut l’aborder avec beaucoup d’humilité. Nous parlons presque d’un 6×10 km…

As-tu des appréhensions particulières ?

Un peu quand même…. Mais pas tant que cela, parce que je me lance dans quelque chose que je connais pas du tout. Je préfère y aller avec une certaine naïveté. L’excitation de vivre une nouvelle expérience l’emporte !

Quelle combinaison arena as-tu choisi pour relever ce défi ?

La combinaison Powerskin R EVO long body full leg (Open)

Que penses-tu de l’homologation des combinaisons néoprène par la FINA ?

Cette disposition n’est sportivement pas cohérente, puisqu’elle laisse la possibilité dans certains cas d’opposer des nageurs en néoprène avec d’autres qui ne le seraient pas. Cela tronque l’égalité de la compétition et des choix des sportifs. Ce n’est pas bien. On n’a vu l’effet des combinaison néoprène en 2009 en bassin…
Je ne vois pas l’utilité non plus même en termes de sécurité. Si c’est pour une question de température de l’eau, cela ne sert à rien : Les nageurs d’eau libre savent et doivent s’adapter aux conditions de courses. C’est ce qui fait le charme de cette discipline.
Cela risque donc de dénaturer beaucoup de choses… Les athlètes et les commissions Eau libre n’y étaient pas favorables. Mais les instances supérieures à la FINA sont passées outre.

 

*Lors des Jeux Olympiques de Rio, Aurélie a été disqualifiée pour touche incorrecte alors qu’elle avait terminé à la deuxième place
**Aurélie participera aux 1500m des championnats de France à Schiltigheim avec pour objectif de battre le record de France détenu par Laure Manaudou

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Arena